dimanche 10 novembre 2013

Oyonnax, 11 novembre 1943

11 novembre 1943

Bravant l'interdiction du régime de Vichy de commémorer le 25e anniversaire de la victoire de la France sur l'Allemagne, près de 200 jeunes maquisards défilent en armes dans les rues d'Oyonnax.

La conséquence directe de cette action, dont l'écho fut international,  sera de pousser Churchill à armer la résistance française. 

Je voudrais rendre modestement hommage, par cet article, à ces hommes qui ont sacrifié leur vie et leur liberté pour permettre à tout un peuple de recouvrer la sienne.





Témoignage de résistant

Je citerai ici un extrait de l'article "11 novembre 1943" de l'ouvrage "de la défaite à la victoire au Pays d'Alphonse Baudin", de l'association des Amis du musée départemental de la Résistance  et de la déportation de l'Ain et du Haut-Jura à Nantua,  paru en 1986,  réédition d'une brochure de 1947.
La préface est signée P. Mercier,  Président de l'association.
L'article ci-dessous n'est pas signé.

"Quelques jours plus tard,  nous choisissons Oyonnax, cité ouvrière de 12000 habitants,  car le commissaire de police fait partie de la Résistance et nous y avons de nombreux amis.  
Comme Montréal est originaire de la commune,  et que Ravignan y est professeur,  je charge ces deux officiers d'établir un plan, Aidés par la famille Jeanjacquot,  toujours sur la brèche,  ils me remettent un projet que nous remanions plusieurs fois avec de le retenir. L'avant-veille,  c'est-à-dire le 9 novembre,  accompagné de Chabot et de Bru, je rencontre à Oyonnax le commissaire de police et nous arrêtons ensemble les dernières mesures. 
Nous effectuons à pied,  en pleine nuit,  chronomètre en main,  le parcours qui sera suivi. 
Nous fixons ensuite les tâches de chacun et confions aux militants locaux de l'armée secrète la surveillance de tous les miliciens,  de tous les suspects.  
Il faut néanmoins prévoir l'arrivée des renforts de police ou d'allemands.  Aussi décidons-nous d'annoncer à grande pompe une manifestation à Nantua à 15 km de là. Chabot obtient sans peine l'adhésion chaleureuse du capitaine de gendarmerie Verchère. 
Ses chefs reçoivent un rapport sur l'importance de la cérémonie du 11 novembre à Nantua. Nous sommes dix tout au plus, à connaître le lieu du défilé et nous lançons nous-même des rumeurs au sujet de Bourg, Ambérieu, Belley, afin de déconcerter nos adversaires. 
Je fais distribuer une note ordonnant de déposer aux monuments aux morts de toutes les communes du département une gerbe avec la même inscription : "les vainqueurs de demain à ceux de 14-18".
Dans les camps,  l'incertitude sur le point choisi règne aussi, mais la joie est forte. A la dernière étape,  nous précisons "aux petits" que nous allons pour la première fois en France présenter au public les "terroristes". 
Des chants s' élèvent. Les lois de la sécurité sont violées. Tant pis, le sort en est jeté.  Nous nous grisons,  aujourd'hui,  de liberté. 
Enfin voici Oyonnax,  ma surprise est considérable.  Je croyais arriver bien avant le convoi.  Or, je passe entre deux haies formées par les gars du maquis.  
Le clairon sonne le garde-à-vous. J'arrive sur la place de la Poste où plusieurs centaines de civils regardent ahuris, stupéfaits. Je descends de voiture,  j'enlève mon manteau.  
Comme tous les officiers,  je suis en tenue ; nous portons tous, non pas les rubans de nos décorations,  mais les croix et médailles elles-mêmes.  
Cependant la foule n'a pas encore réagi,  elle semble hésiter à comprendre.  D'une voix qui m'étonne moi-même par son ampleur, je crie : : "les maquis de l'Ain...à mon commandement". Alors c'est une explosion de cris,  de hourra,  d'applaudissements. Quoi ? Ce n'était donc pas des chantiers de jeunesse ou des miliciens.... Des maquisards ?
Le défilé préparé avec tant d'amour,  de minutie,  est commencé. Les clairons et les tambours rythment la marche. Derrière eux vient le drapeau avec la garde d'honneur en gants blancs. Tout le long du parcours les ovations se renouvellent et lorsque,  dans un ordre impeccable,  nous nous rangeons devant le monument aux mort, lorsqu'après avoir déposé la gerbe (une croix de Lorraine composée avec des fleurs), nous entonnons la Marseillaise. C'est un chant mêlé de larmes,  qui surgit,  grossit,  monte. C'est ensuite : "Vous n'aurez pas l'Alsace et la Lorraine", puis en deux mots je demande à tous de rester calmes,  de ne pas entraver notre départ. Mais filles, femmes, garçons les yeux embués, la voix enrouée,  viennent vers nous et se jettent dans nos bras.On entend des exclamations qui remuent jusqu'aux entrailles :"vous venez de vendez mon fils", "je vis les plus beaux moments de ma vie", "ah, on viendra critiquer les terroristes ! ".
Le coup d'audace d'Oyonnax eut un retentissement profond à l'étranger, car les photos en furent reproduites par les journaux anglais et américains.Ainsi, tant pour la France que pour les autres pays, le défilé du 11 novembre à Oyonnax fut le témoignage de l'existence d'une armée dont, ni les soldats,  ni les officier, ne ressemblaient même de loin, à des terroristes.
"


Oyonnax : défilé des résistants du 11 Novembre... par voixdelain

Audio : Sur le site www.rhonealpes.fr, le témoignage de Marcel Lugand, dernier résistant à avoir défilé le 11 novembre 1943 à Oyonnax

François Hollande à Oyonnax
Le Président sera présent le lundi 11 novembre pour la cérémonie de commémoration

2 commentaires:

  1. Bonjour
    Votre site est vraiment bien fait et les articles passionnants dans leur diversité. Y a t il quelqu'un parmi tous ceux qui s'intéressent au Bugey Historique qui auraient des informations sur le relais de poste de Bellegarde en Valserine...Je recherche toutes les infos possibles. il a été ouvert vers 1802 devant le pont sur le Rhône. Merci d'avance

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    1. Bonjour Charlotte
      Merci pour vos compliments.
      Je vais faire quelques recherches pour le relais de poste.
      À bientôt
      Bonne journée

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